Nous y voilà, malheureusement le jour tant craint que nous redoutions est arrivé. La pêche de la truite est définitivement fermée pour 2011. Déjà beaucoup d'entre nous se rappellent de bons souvenirs de cette saison mouvementée, mais aussi des semaines de galères et d'incertitudes qui ont rythmé 6 mois de pêche à coup de sécheresse mais aussi de frénésie alimentaire.
Nos belles partenaires, quant à elles, ont bien mérité de se reposer, après avoir lutté vaillamment pour déjouer nos pièges et entourloupes et en ayant joué de leur puissance pour tordre du carbone et faire grandir des émotions. Elles vont tranquillement se retrouver pendant la période hivernale pour assurer la continuité de l'espèce et bien sûr nos futurs coups de lignes. Souhaitons leur de se ressourcer pour nous offrir une saison 2012 d'exception.
Pour finir cette saison en beauté nos belles FARIO nous ont offert un baroude d'honneur exceptionnel. Ainsi avant la fermeture tous les poissons sont rentrés en activité de manière à nous montrer combien elles sont bien présentes dans nos belles rivières du Nord Cantal. Songeons à ces semaines de vache maigre de mai et de juin où la prise de la moindre truitelle relevait de l'exploit ! Les fatalistes commençaient à dire qu'elles avaient trop souffert, qu'elles n'étaient plus là !!! Laissons ces mauvaises langues à leur perpétuel discours apocalyptique.
Finissons donc la saison plein d’espérance pour le futur et que ce récit de pêche qui clôture cette saison 2011 nous donne un peu foi en notre avenir halieutique.
Ainsi en ce début septembre, je me suis réservé deux jours bien à l'avance pour pouvoir une dernière fois taquiner nos belles fario. Une dernière sortie comme une bouffée d’oxygène avant 6 mois d'"apnée" halieutique en première catégorie. Pour la première journée je choisis un parcours en aval de la "Petite Rhue" un des plus beaux joyaux d'eaux vives de notre Pays Gentiane. Comme souvent, je décide de prospecter ce parcours en pêchant aux leurres. Car les poissons sont souvent réceptifs à cette technique à

cette époque de l'année. Après deux ou trois lancés, je détecte un premier "coup de nez" dans la canne, puis dans la même veine j'inaugure la journée d'une toute petite truite sans doute poussée à la faute par l'énervement provoqué chez elle par mon petit bout de plastique. Cette truitelle porteuse d'avenir retourne à son élément après avoir été décrochée. Elle renforce ma concentration car l'activité dans cette première veine semble montrer que nos amies salmonidés sont bien dehors!!!
A partir de là, tout s'accélère. Toutes les veines ou presque s'avéreront occupées et les truites hôtes de ces milieux prêtes à mordre. Les touches s’enchaîneront tout autant que les prises pendant de longues minutes. Les poissons très actifs attaquent très vaillamment le leurre, trop vaillamment sans doute car leur précipitation extrême est à l'origine de dizaines de poissons décrochés. A chaque lancé ou presque je ressens une attaque, prends un poisson ou au moins vois suivre une ou plusieurs truite. "C'est la fête
aujourd'hui ou quoi". A la fois excité, euphorique et frustré par les touches non concrétisées, je prendrais en un peu plus de 2 heures de pêche une quinzaine de truites pour au moins le double de poissons décrochés. En somme sur moins d'un kilomètre de rivière une petite cinquantaine de truites, toutes tailles confondues auront attaqué mon leurre tour à tour. Quant je dis mon leurre disons plutôt mes leurres, puisque ils changèrent régulièrement en cours de pêche. Mon premier choix se porta rapidement sur un "OWNER TTR" (comme toujours ou presque).
Ce poisson nageur s'avéra très efficace pour déclencher des touches, mais du fait d'une très forte utilisation, ses triples usés ont accentué la tendance des poissons à se décrocher jusqu'à en louper 5 ou 6 d'affilé. Un petit passage sur un "D CONTACT" pour les zones profondes ou franchement torrentielles, alterné avec un petit "HUMPACK MINNOW " plus polyvalent fut la solution la plus efficace. Les truites étant en pleine frénésie, même après des loupés elles étaient régulièrement reprises. Pour preuve le plus beau
poisson aperçu ce jour là était posté sous un arbre couché qui barrait une grosse veine de courant. Un cas d'école où d'entrée de jeu on sent une belle prise potentielle. En faisant évoluer mon leurre en surface à proximité de l'arbre je vis un gros remou juste derrière, la truite trop précipitée vient de louper mon poissonet. Demi tour et dans la seconde qui suivit elle se saisit du leurre, après un ferrage le poisson est manqué! Je relance et fais passer délicatement mon poisson nageur au dessus d'une des branches de
l'arbre, la truite rageuse surgit à ses trousses, passe au dessus de la branche accélère et vient le percuter violemment. Encore un ferrage dans le vent, le poisson n'est toujours pas piqué. A chaque passage je vais voir ce même poisson attaquer, le sentir taper dans le leurre sans jamais pouvoir le prendre. Enfin au sixième passage, la truite passablement énervée de ce remue ménage va s'emparer du leurre par le dessous et avec sa vitesse sortir de l'eau entièrement à moins de 2 mètres de moi. Le tout avec le poissonet au bout des lèvres. En bloquant la canne je la ferre automatiquement.
sur ce même parcours mais "Grand dieu" les jours difficiles ne reflètent pas le potentiel d'un lieu. Si lors de sorties exceptionnelles comme cette partie de pêche tardive on trouve bel et bien de très nombreux poissons c'est qu'ils y sont bien toute l'année!! A nous pêcheurs de nous poser les bonnes questions pour trouver les réponses les jours de disette. La pêche n'est-elle pas le royaume de la remise en question!!! Bien sûr que quand on voit les densités réelles et les prises de certains coups de pêche, notre honneur de pêcheur en prend un coup. Mais pas de fausses excuses, certains jours on est bien passé à côté des poissons sans être capable de les prendre, ils étaient bien là !
Bref. Pour en revenir a cette sortie on notera que les prises au final des deux journées de pêche s'échelonnent entre 25 et 35 centimètres pour la majorité. Si on rajoute à cela les poissons dont j'ai pu estimer la taille avant qu'ils se décrochent, on peut penser que l'échantillon est assez important pour estimer que la plupart des truites de la Petite Rhue en partie aval sont comprises dans cette fourchette. Sur plusieurs dizaines de poissons ainsi estimés seuls 2 ou trois dépassaient largement les 35 centimètres et un seul
truite puisque c'est bien une truite sera prise sur la commissure des lèvres et après quelques coups de tète et un rush ultra puissant, elle se décrochera ne me laissant qu'un souvenir et une furieuse envie de venir se rappeler à son bon souvenir dès l'ouverture. Le poisson en question est de loin la plus grosse truite que j'ai touché de l'année. Je suis intimement persuadé au vue de son aspect général et de sa puissance qu'elle dépassait les 55 centimètres, sur une zone où les 40 + semblent pourtant déjà très rares. Comme quoi, bien que la plus grande partie de la population de la Petite Rhue semble se situer entre 25 et 35 centimètres quelques gros individus sont présents et méritent qu'on les recherche spécifiquement. Qui peut dire combien de ces poissons exceptionnels hantent ces eaux!!!
Pour finir et pour me remettre des émotions liées à deux jours de pêche bien remplis, mon épuisette servie au transport de belles girolles trouvées sur la remontée (je ne pratique pas le "No Kill" avec ces poissons là) de quoi agrémenter une bonne omelette pour reprendre des forces.
La nature est décidément bien généreuse dans notre beau Cantal, qu'il fait bon y vivre des moments aussi exceptionnels. En espérant que leurs souvenirs nous permettent de tenir jusqu'à mars prochain. A moins qu'ils ne décuplent notre impatience!!!!
Guillaume VERNET